“Le goût n'est jamais objectif, mais personnel, changeant et culturellement déterminé.”

Gert Verhoeven (Leuven, 1964)

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«Dressage pour un monument et sa petite garniture de radis», 2022

Granito & brons, 2x 165 cm &  165cm uitgeplooid

BNP Paribas Fortis etait à la recherche d’une œuvre contextuelle qui puise son inspiration dans l’environnement, à savoir la ville de Bruxelles. L’œuvre devait refléter ce contexte et apporter une valeur ajoutée sociétale, culturelle, durable et esthétique, tout en renforçant l’identité du nouveau bâtiment.

Le choix du Comité de sélection du BNP Paribas Fortis Artistic Talent Award, composé de professionnels du monde de l’art et du design, s’est porté sur l’œuvre « Dressage pour un monument et sa petite garniture de radis » de l’artiste Gert Verhoeven.

META-MONUMENT

Se référant à l’idiome du monument – le socle, le marbre, le bronze, ainsi que l’héroïsme qui l’accompagne en tant qu’ornement – l’œuvre engage un dialogue avec les autres monuments de la ville et au-delà.

Nous savons que l’histoire ose parfois se tromper et que la signification des monuments évolue avec le temps et perd sa valeur représentative.

C’est pourquoi l’œuvre de Gert Verhoeven fonctionne comme un méta-monument.

Elle se compose de deux parties installées dans les deux patios du bâtiment Montagne du parc.

SYMBOLIQUE DU TUBERCULE

L’œuvre exposée dans la cour Jules Wabbes comprend un socle/une colonne en granito noir composé principalement de marbre gris et noir, extrait de la dernière carrière de marbre en Belgique, la firme De Merbes -Sprimont. Sur la colonne se trouve l’agrandissement en bronze d’un tubercule de radis terreux, tordu et séché qui s’inscrit dans le style « no-nonsense » de Jules Wabbes, l’architecte d’intérieur mondialement connu de l’après-guerre qui fut chargé de l’aménagement des anciennes salles des guichets et des coffres de la banque.

LA FEUILLE DANS TOUTE SA SIMPLICITÉ FLORALE

La partie de l’œuvre installée dans le patio Victor Horta comprend un socle en granito rose fabriqué à partir de marbre rose et rouge et issu de la même carrière. Cette colonne présente l’agrandissement d’une feuille de radis rongée par les insectes, qui s’inscrit dans l’ornementation florale et les lignes courbes de l’art nouveau, le style architectural ayant fait la renommée internationale de l’architecte bruxellois Victor Horta.

La hauteur des socles est de 165 cm, soit la taille moyenne d’un être humain.

En prenant les personnes lambdas comme référence, l’artiste conteste l’ancien rôle du monument, c’est-à-dire la vénération d’une personne pour ses qualités prétendument supérieures à celles d’une personne supposée normale.

Aussi bien le tubercule que la feuille ont une envergure d’environ 165 cm.

DRESSUUR + GARNITURE = DRESSAGE

Le titre de l’œuvre comprend une référence claire à la cuisine, où les saveurs ne sont jamais objectives mais personnelles, changeantes et culturellement définies. Ici aussi, l’artiste joue avec la double définition du mot « dressage » (décoration et dressage ) et du mot « garniture » (garnissage et enrobage), ce qui met aujourd’hui en doute la pertinence des monuments.

Sur le plan du contenu, l’œuvre contient un questionnement critique de l’histoire : qui figure sur le piédestal ? Qui a le droit de s’y trouver et avant tout combien de temps  va-t-il y rester ?

L'ANCIEN ET LE NOUVEAU SE FONDENT ENSEMBLE

Pour réaliser son œuvre, l’artiste a fait appel aussi bien aux nouvelles technologies (numérisation et impression 3D) qu’aux méthodes artisanales (granit et fonderie de bronze), faisant ainsi à la fois référence au futur et au passé.

GERT VERHOEVEN NE CHOISIT PAS ENTRE LE OUI ET LE NON

Gert Verhoeven considère son travail non pas comme le résultat d’un processus créatif mais plutôt comme un instrument pour analyser la place de l’art dans un environnement social. Son œuvre complexe et cryptique se compose de dessins, de vidéos, d’installations et de sculptures. Il se montre critique envers l’histoire (de l’art), qu’il estime trop déterminante. Les œuvres de Verhoeven cherchent des moyens d’évasion dans l’art et dans la vie. Elles ne suivent pas un schéma fixe : il refuse de choisir entre « oui » et « non », entre le possible et l’impossible. Verhoeven souhaite garder ouvertes toutes les possibilités et se distancie dès lors des catégories et des définitions de l’histoire de l’art. Il se remet en question de manière ironique et tente de faire appel au subconscient. L’œuvre de Verhoeven est un jeu qui utilise la construction identitaire, les clichés de la subjectivité et les limites des modèles d’interprétation.

EN SAVOIR PLUS

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