Docteur en histoire de l’art

Jo Delahaut (Vottem, près de Liège, 1911 – Schaerbeek, 1992)

« Plénitude », 1977

Acrylique sur toile, 195 x 130 cm

Jo Delahaut suit une formation de dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Liège entre 1928 et 1934 et obtient également un doctorat en histoire de l’art à l’Université de Liège.

Au départ, il crée des œuvres d'art figuratives expressionnistes, mais peint rapidement ses premières œuvres abstraites. L’artiste devient alors la figure de proue de l’abstraction géométrique en Belgique. Avec Pol Bury, Jean Milo et Georges Collignon, il fonde en 1952 le groupe Art Abstrait. Il est ensuite à l’origine des mouvements Formes (en 1956) et Art construit (en 1960).

Jo Delahaut estime que l’art doit éveiller les mécanismes de l’activité intellectuelle. Et, pour lui, pratiquer l’abstraction géométrique résulte de la méditation.

JEU DE COULEURS

Dans l'œuvre Plénitude, nous voyons sa fascination profonde pour la couleur. Les œuvres de Jo Delahaut se caractérisent par l’interaction entre la forme et la ligne, d’une part, et la couleur, d’autre part. Cette composition épurée associant quelques formes et lignes élémentaires a quelque chose de très rigide. Il conjugue cela à une explosion de couleurs en réalisant des combinaisons inattendues de couleurs pures aux tonalités contrastées, ce qui confère une chaleur incroyable à l'œuvre. Le cercle central descend sous la ligne horizontale de l'aplat rouge et semble avoir été coupé en haut de la toile. De par cette position précise du cercle dans la composition, l'œuvre dégage un sentiment de plénitude. La simplicité et la rigueur sont des éléments récurrents dans son œuvre et contribuent à l’équilibre de ses compositions.

MANIFESTE DU SPATIALISME

En parallèle avec sa carrière d’artiste, Jo Delahaut écrit sur la philosophie de l’art moderne en se basant sur ses propres recherches sur la pratique des « arts de l’espace ». Il signe également le « manifeste spatialiste » en 1954, dans lequel il explique pourquoi la géométrie est la science la plus représentative de l’homme. En 1978, son talent sera reconnu par l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, qui le nommera membre de cette prestigieuse institution. Puis, c’est au tour de Bozar de lui rendre hommage avec une rétrospective, en 1982.